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Le bilan

Temps de lecture : 6 min

En cas de suspicion de psychose ou de risque de psychose, le·la patient·e doit être reçu·e par un·e médecin psychiatre dans un délais le plus court possible. Un bilan complet sera necessaire dans un premier temps.

Le bilan clinique

Le premier entretien a une importance particulière. Il est le moment clef de la création d’une relation thérapeutique de confiance entre le jeune et le·la praticien·ne. Cet entretien doit être suffisamment long pour recueillir l’ensemble des informations nécessaires à l’évaluation du diagnostic et pour laisser la place aux questions et aux préoccupations du jeune. La présence d’une personne proche lors de ce premier entretien est très utile et permet de compléter les informations rapportées par le jeune.

Lors de cet entretien, une anamnèse précise doit être entreprise par le praticien. Il est important d’insister sur le recueil de l’histoire personnelle générale et psychiatrique, la recherche d’antécédents familiaux de maladie psychiatrique et de suicide, ainsi que de maladies génétiques, métaboliques ou cardio-vasculaires. L’entretien initial doit également évaluer la présence de comorbidités psychiatriques (dépression, anxiété, troubles de la personnalité, etc.) et les consommations de substances addictives (cannabis, alcool, ecstasy, et autres toxiques) qui pourront faire l’objet d’une prise en charge spécifique. Le retentissement fonctionnel (relations amicales et familiales, scolarité, emploi, loisirs, sport) est également un élément d’évaluation important.

La recherche d’éléments d’atypicité dans l’histoire de la maladie permet d’orienter le bilan para-clinique initial.

Il est estimé que 3% des premiers épisodes psychotiques ont une origine organique.

Lors de ce premier rendez-vous, un examen physique doit être réalisé, incluant un examen neurologique soigneux, une prise des constantes avec un ECG, ainsi que la prise des mesures de la taille, du poids et du tour de taille.

Cet examen a pour objectifs :

  • la recherche d’une pathologie associée ou d’une pathologie à l’origine des symptômes (maladies neurologiques, immunitaires, infectieuses, auto-immunes, métaboliques, etc.),
  • le bilan pré-thérapeutique, notamment avant la mise en place d’un traitement antipsychotique.

Le bilan paraclinique

Le bilan paraclinique vise à :

  • Rechercher un diagnostic différentiel potentiellement curable
  • Etablir un bilan de l’état de santé général du patient avant d’initier un traitement médicamenteux, pour anticiper le profil de tolérance

Les recommandations françaises sur les examens complémentaires à réaliser systématiquement sont anciennes et doivent être remises à jour en fonction des pratiques internationales. Les recommandations australiennes de 2016 (Australian Clinical Guidelines for Early Psychosis, Second edition updated June 2016) ont formulé des propositions dans ce sens et sont détaillées ici.

Extrait de la brochure "Psychoses débutantes : pour une prise en charge précoce et intégrée", M-O Krebs, F. Lejuste

Le bilan neuropsychologique

Le bilan neuropsychologique est réalisé par un psychologue spécialisé en neuropsychologie.

Il fournit une compréhension scientifique des relations qu’entretiennent le cerveau et les fonctions cognitives.

Les fonctions cognitives sont les capacités de notre cerveau qui nous permettent de communiquer, de percevoir notre environnement, de nous concentrer, de nous souvenir d’un événement ou d’accumuler des connaissances. 

Les fonctions cognitives se divisent en deux grandes catégories : 

  • La cognition froide (neurocognition) englobe la mémoire, l’attention, la planification, le raisonnement, le langage, l’analyse de l’espace, la coordination des mains et le calcul, …
  • La cognition chaude (cognition sociale) englobe quant à elle la reconnaissance des émotions, les perceptions et connaissances sociales, la compréhension des intentions des pensées et des ressentis d’autrui (théorie de l’esprit), …

Les fonctions cognitives sont sollicitées en permanence. Par exemple, lorsque l’on va faire des courses, on met en jeu de nombreuses fonctions : faire attention aux produits à acheter, mémoriser la liste de courses, se repérer dans les rayons etc. Chacun possède un profil avec ses points forts et ses points faibles/fragilités. Cependant, il arrive parfois que l’on ressente une gêne au quotidien qui peut venir signer un trouble cognitif.

Il y a trois indications principales à la réalisation d’un bilan neuropsychologique :

  • Établir un profil cognitif : difficultés/ressources,
  • Mesurer l’impact fonctionnel des troubles "c'est-à-dire voir les répercussion dans votre vie quotidienne”,
  • Proposer des prises en charge adaptées complémentaires non médicamenteuses.

Les contre-indications sont :

  • États psychiatriques aigus,
  • Intoxications aiguës,
  • Déficience intellectuelle/mauvaise maîtrise de la langue française,
  • Réticence ou opposition,
  • Traitement par électroconvulsivothérapie depuis moins de 6 mois.
Dans le cadre d’un premier épisode psychotique, il est pertinent de réaliser un bilan neuropsychologique à distance de la rémission des symptômes pour préciser les prises en charge non médicamenteuses à proposer en fonction des difficultés de la personne.

Il permet également de montrer que la personne bénéficie de ressources sur lesquelles elle peut s’appuyer. Enfin, ce bilan pourra évaluer s’il existe des arguments en faveur d’éventuelles comorbidités (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, trouble du spectre de l’autisme sans déficience intellectuelle par exemple). 

Dessin de Victoria Leroy sur une idée originale de Julie Chaignaud et Johanna Hauguel, neuropsychologues

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